Polices calligraphiques
pour la publication Web et
l'apprentissage des écritures latines

De nombreux caractères typographiques s'inspirent des écritures européennes basées sur l'alphabet latin. Ces écritures, utilisées au fil des siècles, peuvent aujourd'hui être simulées numériquement en utilisant les polices de caractères correspondantes.

Les polices de caractères utilisées sur cette page sont disponibles sur Google Fonts et sur plusieurs plateformes de distribution de fontes libres de droits.

Associées à des polices de caractères neutres (sans serif), elles forment des combinaisons typographiques au sein desquelles elles assurent le rôle de police de titrage.

L'exploration des nombreuses polices disponibles sur Google Fonts est grandement facilitée par l'utilisation de l'application en ligne Font Map.

La capitale romaine est l'écriture des inscriptions lapidaires monumentales dans la Rome antique. L'inscription gravée sur le socle de la colonne Trajan, réalisée en 113 après J.-C., sert de référence à tous les calligraphes et designers typographes pour le dessin de cette écriture très solennelle.

Les lettres C, G, O et Q sont construites sur la base d'un cercle. La panse du D est très ronde. Les lettre B, E et F, notamment, sont relativement étroites en comparaison avec les graphies plus tardives des mêmes lettres capitales.

Les lettres minuscules n'étaient pas en usage à l'époque romaine. Elles ne seront élaborées qu'après le V^e siècle. D'autre part, Plusieurs lettres utilisées aujourd'hui n'existaient pas du temps de l'empereur Trajan. Elles ont été rajoutées à l'alphabet latin beaucoup plus tard. Il s'agit des lettres J, U et W.

Dans ses variantes les plus grasses, la police Cinzel perd son caractère historique et devient plus décorative. L'engraissement des traits verticaux du N est surprenant, d'autant plus que pour les fontes les plus maigres c'est bien le trait oblique du N qui est graissé.

Cinzel sur Google Fonts

Police similaire sur Google Fonts (Marcellus SC)

L'écriture onciale serait apparue au II^e ou III^e siècle, en Afrique du Nord. Elle s'inspire directement de la graphie de l'onciale grecque, ronde et fonctionnelle. L'onciale a été utilisée en Angleterre à partir du début du VII^e siècle.

La capitale onciale annonce la graphie des futures minuscules. On distingue des hampes ascendantes et descendantes.

L'écriture minuscule insulaire a été mise au point en Irlande, entre le V^e et le VI^e siècle. Elle accompagne la majuscule insulaire, écriture prestigieuse inspirée de l'onciale. Son usage se perpétuera jusqu'au XX^e siècle pour transcrire la langue gaélique.

Dans le dessin de l'Uncial Antiqua, les lettres capitales N, T et Y ont été modernisées. On retrouve leur forme initiale dans les minuscules associées, avec un N dont les traits verticaux sont ici aussi graissés. Le T et le Y de la minuscule insulaire sont plus ronds.

Uncial Antiqua sur Google Fonts

L'écriture gothique textura quadrata s'est développée entre le XI^e et le XII^e siècle et s'est répandue en Europe du Nord. Il s'agissait pour les copiste de gagner de la place pour économiser le parchemin devenu denrée rare. Il s'agit d'une écriture brisée, ramassée et anguleuse.

Son aspect très dense l'a conduite à être nommée “Black letter” en Angleterre. C'est l'écriture choisie par Johannes Gutenberg pour graver les poinçons qui serviront à fabriquer les matrices des caractères mobiles avec lesquels sera imprimée la fameuse bible à 42 lignes.

La textura quadrata est considérée comme un symbole graphique du Moyen-Âge, bien qu'elle ait été utilisé dans certains secteurs jusqu'au XX^e siècle.

Les majuscules de la police Pirata One sont une adaptation aux formes habituellement lues par les lecteurs d'aujourd'hui (hors culture germanique).

Pirata One sur Google Fonts

L'écriture gothique nommée fraktur (brisée) est une évolution de la gothique textura vers un peu plus de souplesse et de rondeurs. Les premiers exemples d'écriture fraktur datent du tout début du XV^e siècle.

Affinée par les calligraphes allemands au fil des siècles, la fraktur est devenue, au XVI^e siècle, écriture de prestige dans les chancelleries germaniques.

La gothique fraktur se reconnait, la plupart du temps, à ses ornement “en trompe d'éléphant”, notamment dans la partie supérieure gauche des lettres majuscules A, M, N, Q.

Plusieurs lettres de la police UnifrakturMaguntia sont difficiles à identifier pour des lecteurs non initiés. Vous le remarquerez en déchiffrant le pangramme présenté (Voyez le brick géant que j’examine près du wharf).

UnifrakturMaguntia sur Google Fonts

Police similaire sur Google Fonts (Astloch)

La minuscule humanistique, associée à la capitale romaine, forme une écriture nommée aussi Antiqua. Il s'agit d'un renouveau de l'écriture caroline, écriture imposée par Charlemagne au début du IX^e siècle.

En effet, les érudits humanistes italiens du XIV^e siècle, recherchant une écriture plus lisible que les gothiques alors en usage, ont redécouvert la caroline et l'on adapté à leur temps.

La minuscule humanistique est l'ancêtre des minuscules de toutes les fontes typographiques classiques de forme dite romaine. C'est “l'écriture du livre” que nous avons apprise à déchiffrer à l'école.

La police de caractères Fondamento est basée sur l'écriture foundational mise au point au début du XX^e siècle par Edward Johnston. Celui-ci s'est inspiré d'un document du X^e siècle écrit en caroline (le psautier d'Oswald) pour définir une écriture calligraphique facile à reproduire à la plume large. La référence commune à la caroline rendent la foundational et la minuscule humanistique assez semblables.

Fondamento sur Google Fonts

Police similaire sur Google Fonts (Eagle Lake)

L'écriture chancelière a été conçue en italie au début du XV^e siècle. Plus rapide à tracer que la minuscule humanistique, elle est devenue rapidement l'écriture officielle de la chancellerie du Vatican. Elle s'est alors répandu dans toute l'Europe.

Les premiers poinçons typographiques permettant de reproduire en imprimerie les caractères de l'écriture chancelière ont été gravé au tout début du XV^e siècle. Ainsi sont nés les caractère dits “italiques” qui, au début, ont servi à imprimer des livres entiers.

Les majuscules de la police de caractères Felipa sont ornées d'une gracieuse courbe en attaque des traits verticaux et obliques. La panse des lettres minuscules présente une forme caractéristique, légèrement triangulaire.

De très nombreuses polices de caractères, inclinées ou non, sont basées sur l'écriture chancelière et ses formes italiques.

Felipa sur Google Fonts

Police similaire sur Google Fonts (Italianno)

L'écriture anglaise, nommée aussi écriture copperplate, est une cursive dont les lettres minuscules sont attachées les unes aux autres. Elle est tracée à la plume pointue et le contraste entre les pleins et les déliés est obtenu en appuyant légèrement sur la plume (et non en modifiant l'angle du tracé).

Évolution de l'écriture italique, la copperplate a été conçue comme une écriture commerciale. Elle est devenue au fil du temps une écriture raffinée dont les majuscules présentent parfois des volutes ornementales complexes.

Enseignée dans les écoles européennes et nord-américaines au XIX^e, elle évoluera vers des formes plus simples avec l'avènement de l'écriture au stylo à bille. En tant qu'écriture commerciale elle sera évincée par le développemnt de la machine à écrire.

L'écriture anglaise a inspiré de nombreux designers typographes et on trouve de très nombreuses variante de cette écriture sous une forme numérique.

Pinyon Script sur Google Fonts

Police similaire sur Google Fonts (Parisienne)

La fausse calligraphie consiste a imiter un tracé présentant des pleins et des déliés en dessinant les contours des parties pleines, puis en les remplissant si nécessaire.

La police de caractère Ribeye Marlow reproduit le dessin à main levée d'une écriture romaine à empattements avec un fort contraste entre horizontales et verticales. Cette police de caractères existe en version “remplie”.

Vous remarquerez que pour ne pas alourdir le dessin de certaines lettres majuscules et minuscules les pleins n'ont pas été dessinés sur toutes les parties verticales. Cette pratique est assez fréquente en dessin typographique.

Ribeye Marrow sur Google Fonts

Police similaire sur Google Fonts (Miltonian)