Communication visuelle et design graphique

La composition

La composition est avant tout une question de regard et de méthode. Un regard s'éduque et s'affine au fil de l'expérience. Une méthode s'acquiert et s'applique rigoureusement, s'affinant au fil des projets mis en œuvre successivement.

La composition est une synthèse des étapes de conception vues précédemment : idéation, structuration et stylisation. Elle succède à la production des contenus et se fond le plus souvent dans l'étape de maquettage puis d'intégration sur les supports intermédiaires. On la nomme couramment “mise en page”.

Image provenant du site undraw.co

Perception visuelle et signification

La perception d'un ensemble de formes se détachant sur un fond est un phénomène d'une grande complexité. Les théoriciens de la Gestalt ont énoncé plusieurs lois en lien avec la perception des formes. Les lois de clôture, de séparation, de proximité, de similarité, de continuité et de destin commun sont fréquemment appliquées en design graphique (lire les articles publiés à ce sujet sur oeilgraphique.fr).

Ces lois permettent de mieux comprendre comment les utilisateurs des produits de communication percoivent les signes dont ces produits sont les supports. Elles guident également les designers graphiques lorsqu'ils agencent les contenus dans la page ou l'écran.

Divisions du cadre de composition

Le regard humain divise spontanément une forme rectangulaire selon deux ratios : 2 et 1,618. Le premier ratio est facile à mettre en œuvre, le second un peu moins. 1,618 est une approximation du nombre d'or (golden ratio, en anglais), proportion naturelle régissant la physiologie de nombreux êtres vivants. On approche la valeur du nombre d'or en utilisant les ratios 16/10 ou 8/5.

Les graphistes divisent volontiers l'espace du cadre de composition par 3. Cette divisions aux tiers se combine avec la division en 2 parts égales. Il en résulte des grilles, divisions régulières de la page, sur lesquelles les éléments à positionner viennent prendre appui. La fameuse “règle des tiers”, utilisée en composition photographique est une application particulière de la division de l'espace en 3 ou 9.

Le système des grilles a été promu par les graphistes suisses, au milieu du XXe siècle. Voir le dossier publié par Nun Studio sur le style typographique internationnal ainsi que les sites mentionnés à ce sujet dans le glossaire.

Principes de composition graphique

Parmi les nombreux principes appliqués par les designers graphiques en voici quelques autres.

La simplicité avant tout

Less is more ” affirmait l'architecte Mies van der Rohe. Antoine de Saint-Exupéry a écrit : “Il semble que la perfection soit atteinte non quand il n'y a plus rien à ajouter, mais quand il n'y a plus rien à retrancher ”. Le troisième principe de la philosophie Python affirme : “Le simple vaut mieux que le complexe ”, et le quatrième principe s'énonce ainsi : “Le complexe vaut mieux que le compliqué ”.

La simplicité s'applique à toutes les étapes du processus de design, de la définition du projet à l'archivage des données. Un article sur Design et simplicité détaille le sujet sur oeilgraphique.fr

La lisibilité sur tous les plans

La lisibilité opère sur 2 niveaux, le perceptif et le cognitif. La langue anglaise dispose de 2 mots distincts pour différencier les 2 concepts : “legible ” quand il s'agit de perception et “readable ” quand il s'agit de compréhension.

La lisibilité perceptive repose sur la qualité des espacements et du contraste forme-fond. La lisibilité cognitive repose sur la qualité de la rédaction et de l'illustration ainsi que sur la qualité de la structuration des contenus (découpage, ordonnancement et hiérarchisation).

L'espace négatif comme forme

Formes et contreformes alternent dans toute composition, pourvu qu'on veuille prêter attention à ce que notre œil percoit naturellement comme un vide, un creux, un “blanc”. Cet espace peut être rendu signifiant et proposer ainsi d'autres lectures.

L'utilisation de l'espace négatif comme forme s'inscrit en complément de la loi de perception visuelle (gestalt) nommée “relation figure-fond”. Cet aspect du design est détaillé dans l'article Espace et relation figure-fond sur le site oeilgraphique.fr

La force de l'impair

Trois vaut mieux que deux ” est un dicton que le designer graphique détourne volontiers pour exprimer ce que les anglais nomment : “The rule of odds ”. Selon ce principe, un nombre impair d'éléments dans une composition (3, le plus souvent) est plus impactant qu'un nombre pair (2 ou 4).

L'imperfection comme idéal

Un principe de design déroutant consiste à briser volontairement une trop grande perfection pour introduire dans une composition graphique davantage de naturel, une marque de l'usure lié à l'âge. Ce principe, d'origine japonnaise se nomme “wabi sabi ”.

Image provenant du site undraw.co

Structure en calques d'une composition graphique

Le développement des techniques de PAO a conduit les designers graphiques à envisager la construction des images et des pages comme une superposition de calques. Dans une approche pragmatique et modulaire, chaque calque accueille une catégorie particulière de contenu. Du calque positionné le plus à l'arrière plan au calque positionné au premier plan, une composition graphique intègre les éléments suivants :

  • le fond (texturé ou non)
  • la ou les forme(s) structurante(s)
  • le ou les image(s)
  • le ou les texte(s)
  • le ou les motif(s) ponctuel(s)

Cette structure en couches se mémorise facilement grâce à l'acronyme MoTIFF.

➜ Explications graphiques
MoTIFF : 5 couches superposées dans une composition graphique ?

Ressources en ligne

Voici quelques ressources pédagogiques pour approfondir le sujet :

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